Passer de la survie à la Vie. Des relations subies aux relations choisies.

D'une relation passive = je tombe amoureux.se à une relation choisie.

Ce processus est né de la profonde compréhension que j'ai aujourd'hui du "sentiment amoureux" et de toutes ses origines et implications. Et de ce que j'appelle le "désir traumatique". Le désir traumatique pourrait se résumer par cette phrase : "quand je suis excité.e et/ou attiré.e par ce qui finit par me faire du mal".

Et parfois, même quand je sais que cela fait mal, je ne peux pas m'empêcher d'y retourner ou d'y rester.

C'est quand c'est à la fois intense autant dans les hauts que dans les bas.

Je me suis aperçue que la plupart du temps, et la plupart d'entre nous, ne savons pas ce que signifie vraiment aimer. Nous nous utilisons les uns et les autres dans des dynamiques de dépendance relationnelle. Les autres ne sont bien souvent que les figurants des scénarios que nous nous faisons. De nos "trips" personnels, et bien souvent, traumatiques. Et que dans ces "mises en scène" inconscientes, nous faisons la plupart du temps l'expérience d'une profonde déconnexion. Avec l'autre, mais aussi avec nous-mêmes.

Et pourtant, selon moi, la relation est un des lieux privilégiés qui nous donne l’opportunité de vivre des processus spirituels incarnés. De « transcender » notre ego, au sens de le pacifier, en faire un ego sain, qui va alors pouvoir prendre sa juste place dans notre vie (car oui, il est absolument utile, et personne ne va tuer l’ego selon moi), et se mettre au service notre Être.

Je confronte relation subie/créatrice par soucis de simplification et pour que cela soit plus clair, mais en réalité la relation créatrice inclut les enjeux d'une relation passive, c'est-à-dire fondée sur nos mécanismes inconscients, mais s'engage et se centre sur l’Être. Et les partenaires s’engagent dans un cadre co-crée en conscience qui favorise la guérison plutôt que d’induire une retraumatisation, dans le maintien des schémas de répétition.

Mais les deux co-existent évidemment tout le temps, comme notre ego et notre Être fonctionnent de pair. Alors que souvent nous vivons la relation amoureuse seulement sur l'un ou l'autre de ces prismes. C’est ce qui fait que certaines relations sont principalement retraumatisantes, et que d’autres sont désincarnées.

Evidemment, nos relations resteront toujours influencées par notre inconscient et des forces qui nous dépassent. Il ne s’agit pas d’essayer de contrôler cela. Mais plutôt de collaborer avec la vie, en intégrant notre conscience, afin de faire de cet inconscient un allié plutôt que de le subir en permanence. De communiquer avec cet inconscient plutôt que de le subir.

Lorsque nous "tombons amoureux" et que nous subissons une relation, au début c’est merveilleux. Et nous n’avons, du coup, pas la sensation de la subir au départ. Nous sommes enfin comblés, c’est merveilleux. Nous n’avons jamais rien ressenti d’aussi beau, fort et puissant. C'est transcendant. Cela nous transporte.

Et, pour les plus courageux d'entre nous, ceux qui ne sont pas encore trop enfermés dans un "bunker de l'aigreur" (comme le dirait Quentin Lions), nous y allons le cœur grand ouvert, nous nous laissons porter par ces sentiments éveillés en nous. Par cette intensité émotionnelle.

Et puis, plus ou moins rapidement, les émotions deviennent de plus en plus désagréables. L’autre n’est pas/plus la personne merveilleuse que nous voyions en lui/elle. Et c’est là que nous commençons à nous sentir victimes de la relation. Et avoir la sensation de s’être parfois fait « avoir ». Et d’un certain point de vue, c’est vrai : nous nous sommes faits avoir par nous-mêmes et nos propres fonctionnements automatiques. Par nos propres systèmes de défense.

Les émotions augmentent en général en intensité, jusqu’à parfois devenir insupportables. Car nos émotions ne parlent pas de la relation, mais de nous, et de l’espace à partir duquel nous agissons dans cette relation. Nos émotions sont des indicateurs de notre vie intérieure. Et tant que nous ne nous occupons pas de ce qu’elles viennent nous dire, elles continuent de frapper à la porte, et trouvent de plus en plus de moyens et d’opportunités de le faire. C’est ce qui fait qu’au bout d’un moment, nous sommes déclenchés/activés par tout et n’importe quoi. L’autre nous devient insupportable. Celui/Celle qui était tellement source de bonheur devient alors celui/celle qui génère notre souffrance (en tous cas c’est ainsi que nous le percevons).

Et alors nous alors nous inventer plein d’histoires et de narrations pour continuer de croire que cela nous parle de l’autre et de la relation, plutôt que de plonger en nous…

Une relation qui devient plus créatrice (car c’est un processus et nous alternons souvent les phases au départ) est souvent inconfortable au début pour la plupart d’entre nous. Elle bouscule. Elle nous demande une maturité à laquelle nous ne sommes pas habitués. De prendre nos responsabilités. D’assumer nos engagements. Notre vérité. Celle de devenir acteurs et plus souverains. Au début, cela peut donner envie de fuir et de se réfugier dans la passivité des systèmes automatiques inconscients.

Mais elle est à moyen et long terme infiniment plus nourrissante, fun et épanouissante. Et puis, cela s’entraîne encore et encore de devenir un samourai de la relation 😉 C’est une véritable rééducation, dont les conséquences sont joyeuses.

Nous avons alors de plus en plus l’espace et l’énergie de vivre, de nous occuper de ce qui est essentiel pour nous, plutôt que de sans cesse nous divertir sur la façon de survivre en relation.

Quelques caractéristiques de la relation subie…

* Désir traumatique = je suis inconsciemment attiré.e par ce qui me fait rejouer mes scénarios traumatiques non réglés

* Enjeux égotiques centraux : relation centrée sur les systèmes de défense complémentaires de chacun (systèmes relationnels) du type « suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis »

* Choix et décisions pris principalement en fonction de nos émotions (sous couvert parfois de liberté, de flow, d’amour sans attentes etc.)

* On « tombe amoureux » de manière passive et on se laisse porter

* Ignorance de nos propres engagements et de ceux de l’autre : parfois déni de nos désirs profonds

* Difficultés à quitter la relation même quand on sait qu'elle ne convient pas/plus

* Parfois incompatibilité profonde sur laquelle on met du déni et on essaye de « travailler sur soi » pour la dépasser alors que c’est insolvable

* Les sentiments sont tout puissants

* Confusion sentiment amoureux et résonances traumatiques = je prends pour de l’Amour ce qui active des mémoires émotionnelles

* Quête de transcendance et de réparation inconscientes

* Schémas de répétition

* Sensation d’insécurité/malaise chronique voire omniprésent

* Jeux de pouvoir

* Cadre relationnel flou

* Projections inconscientes…

Quelques caractéristiques de la relation choisie

* J’agis de manière concrète et nouvelle de façon à « régler » les schémas de répétition : transformation active et consciente des schémas de répétition, en collaboration avec l'autre

* Cadre relationnels sécure et clair, qui permet un espace de jeu

* Avec mon partenaire nous sommes une équipe

* On s’élève en Amour et on prend consciemment soin de l’Amour

* Engagements personnels et communs clairs

* Intégrité

* Relation au service des désirs profonds de chacun

* On accompagne les différentes phases de la relation

* Actes et décisions depuis un espace de plus grande maturité relationnelle